Un “Visa Liptako” et un passeport commun pour les pays de l’AES

L’actualité récente nous vient du Sahel, une région où les frontières, les identités et les alliances sont en pleine redéfinition. Au cœur de ces changements, l’Alliance des États du Sahel (AES), composée du Burkina Faso, du Mali et du Niger, se distingue par une initiative audacieuse : la création d’un visa unique, baptisé “Visa Liptako”. Ce projet, dévoilé après une réunion d’experts à Bamako début février 2025, marque une volonté claire de faciliter la mobilité au sein de l’alliance, mais aussi d’envoyer un signal fort quant à leur indépendance vis-à-vis de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Le contexte : une rupture et une volonté de coopération

Cette initiative n’est pas isolée. Elle s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes avec la CEDEAO, suite au retrait effectif du Burkina Faso, du Mali et du Niger de cette organisation le 29 février.

Ce départ, motivé par un sentiment d’instrumentalisation de la CEDEAO par la France, n’empêche pas les pays de l’AES de vouloir maintenir certains aspects de la coopération régionale. Ainsi, malgré leur sortie de la CEDEAO, ces pays souhaitent conserver la libre circulation pour les citoyens de la CEDEAO souhaitant entrer sur leur territoire.

De son côté, la CEDEAO adopte une approche similaire afin de limiter les perturbations économiques et sociales durant cette période de transition. Il est important de noter que les pays de l’AES ont annoncé le 14 décembre 2024, qu’il constituent “un espace sans visa pour tout ressortissant” de la CEDEAO. Cette annonce a été faite en même temps que les chefs d’état de la sous région se réunissaient. Cette politique a été confirmée par le président de la Confédération des États du Sahel (AES), Assimi Goïta. En d’autres termes, les citoyens de la CEDEAO n’ont pas besoin de visa pour entrer et sortir de l’espace AES.

Le “Visa Liptako” : plus qu’un simple document de voyage

Le “Visa Liptako”, dont le modèle a été proposé lors des discussions à Bamako, inclut une option de e-visa délivré en ligne. Cette dématérialisation des procédures vise à simplifier l’accès aux pays de l’AES, non seulement pour leurs propres ressortissants, mais aussi pour les voyageurs étrangers et les citoyens des pays voisins. L’ambition est claire : stimuler les échanges commerciaux, attirer les investissements, développer le tourisme et renforcer la coopération avec le reste du monde. Il s’agit donc d’une démarche qui dépasse la simple question des formalités de voyage. Le “Visa Liptako” devient un outil de développement et d’intégration régionale.

Cependant, il ne faut pas oublier que les pays de l’AES se réservent le droit de refuser l’entrée à tout ressortissant de la CEDEAO considéré comme “immigrant inadmissible”. Les critères exacts de cette inadmissibilité n’ont pas été spécifiés, ce qui soulève des questions quant à leur application et à leur impact potentiel sur la mobilité au sein de la région.

Un contexte sécuritaire préoccupant et un impact sur le tourisme

L’enthousiasme suscité par cette initiative doit toutefois être nuancé par le contexte sécuritaire de la région. Le Sahel est classé “zone rouge” par plusieurs États, dont la France, les États-Unis et le Canada.

La mise en place du “Visa Liptako” s’accompagne d’autres mesures, notamment la mise en circulation du passeport de l’AES. Ce passeport commun, ainsi que le visa unique, témoignent de la volonté de l’AES de construire une identité et une souveraineté régionales. Ils symbolisent un pas vers une intégration plus poussée, une “confédération” annoncée dès juillet 2024.

Le futur passeport AES, via Bamada.net

Il est important de souligner que les véhicules immatriculés dans un pays de la CEDEAO peuvent circuler dans l’espace AES. Les véhicules particuliers comme les véhicules commerciaux de transport de passagers sont concernés.

Cette approche pragmatique témoigne d’une volonté de maintenir les échanges avec la CEDEAO, malgré la rupture politique.

En tant que CEO de Visamundi, je me consacre à faciliter les déplacements internationaux en aidant nos clients à obtenir des visas dans le monde entier. En restant à l'avant-garde des réglementations en constante évolution, je veille à ce que notre agence soit un pilier de confiance dans le domaine des services de visa.

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