Pendant de nombreuses années, l’Uruguay🇺🇾 s’est distingué par une pratique administrative unique au monde, aux conséquences lourdes pour des milliers de citoyens naturalisés : leur passeport uruguayen était inutilisable pour voyager à l’international en raison d’une erreur dans la mention de leur nationalité.
Une interprétation erronée des normes internationales
À l’origine de ce problème, une mauvaise interprétation des directives de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI). L’Uruguay inscrivait, sur le passeport de ses citoyens naturalisés, le pays de naissance comme nationalité, au lieu d’indiquer leur nouvelle nationalité uruguayenne. Dans certains cas, le champ « nationalité » restait même vide, notamment lorsque la personne avait perdu sa nationalité d’origine après naturalisation, comme c’est le cas dans plusieurs pays interdisant la double nationalité.

Cette situation provenait d’une lecture littérale de la traduction espagnole du manuel OACI 9303, qui utilise le terme « nationalité » là où la version anglaise parle de « citoyenneté ». Résultat : des citoyens uruguayens de plein droit se retrouvaient avec un passeport qui ne leur permettait pas de voyager, car il n’était pas reconnu comme valide par de nombreux pays, dont la France et la Suisse, qui exigeaient un passeport du pays d’origine.
Des conséquences insoupçonnées
Ce dysfonctionnement a touché environ 16 000 citoyens naturalisés, avec 1 500 nouveaux cas chaque année. L’exemple de Gulnor Saratbekova, originaire du Tadjikistan et résidente en Uruguay depuis plus de 20 ans, illustre la gravité de la situation. Ayant perdu sa nationalité tadjike (le Tadjikistan ne reconnaissant pas la double nationalité), elle ne pouvait ni voyager avec un passeport tadjik, ni utiliser son passeport uruguayen pour sortir du pays ou entrer dans d’autres États.
« Je me sentais dans un vide, comme si j’étais de deux endroits, mais en même temps de nulle part. […] C’est comme si j’avais un père et une mère, mais qu’aucun ne me reconnaissait comme leur enfant légitime. »
Gulnor Saratbekova
Au-delà des difficultés pratiques (refus d’entrée, exigences de visa, détentions à la frontière), la question a été portée devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme, qui y a vu une possible violation du droit à la nationalité et à l’identité.
Une correction administrative récente
Face à la pression croissante, le ministère de l’Intérieur uruguayen a finalement corrigé cette anomalie ce mois-ci. Désormais, le champ « Nationalité » du passeport indique « Nationalité/Citoyenneté » et le code « URY » pour tous les citoyens, qu’ils soient de naissance ou naturalisés. Le champ « Lieu de naissance » a également été supprimé, conformément aux recommandations actuelles de l’OACI.
La première bénéficiaire de ce nouveau passeport a été Gulnor Saratbekova, qui a reçu le document le 16 avril 2025, mettant fin à des années d’incertitude administrative et d’entrave à sa liberté de circulation.
Si cette réforme règle les problèmes immédiats de voyage, elle ne résout pas la question de fond : la Constitution uruguayenne continue de distinguer entre « citoyen naturel » (né en Uruguay ou descendant d’Uruguayens) et « citoyen légal » (naturalisation). L’Institution nationale des droits humains prévoit d’ailleurs d’organiser une réunion avec le Parlement pour encourager une réforme constitutionnelle sur ce point.
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